Friday, March 8, 2013

Nkiko Nsengimana: «Ils devraient créer leur propre parti»


Nkiko Nsengimana

Il est de plus en plus difficile de comprendre ce qui se passe depuis quelques années dans les rangs des Forces démocratiques unifiées, le parti de Victoire Ingabire actuellement emprisonnée au Rwanda, quelques mois après son retour d'exil au Pays-Bas. Le chef du comité de coordination des FDU-Inkingi fait le point.

Le 2 mars dernier, l'agence de presse belge Belga nous annonçait la naissance à Bruxelles du Conseil national pour le changement démocratique (CNCD). Cette plateforme de l'opposition réunit la Convention Nationale Républicaine (CNR-Intwari), l'Opposition démocratique rwandaise (ODR-Dufatanye), l'Union démocrate fédéraliste au Rwanda (UDFR-Ihamye) et les FDU, votre parti. Et pourtant, vous démentez formellement en faire partie. Que se passe-t-il?
Je démens formellement. Notre parti FDU-Inkingi n'est pas partie prenante de la convention dont vous parlez. Il se passe que des gens probablement malintentionnés utilisent le nom de notre mouvement pour s'engager sur une voie qui n'est pas la nôtre. Nous ne sommes pas contre le fait que les gens aient envie de faire de la politique. Pour ça, il y a de la place pour tout le monde. Ils peuvent se constituer en parti politique distinct, exposer leurs idées et leur programme, et ensuite laisser les Rwandais choisir. S'ils sont crédibles, les Rwandais les suivront. Notre peuple est lassé de ces magouilles. Il n'en peut plus. La situation du pays est catastrophique. Nos concitoyens sont au bord de l'asphyxie. Et ces politiciens jouent un jeu dangereux. Ils passent la plupart de leur temps à se lancer des injures à la figure, sur Internet. Ils suscitent la division, alors que la situation et les enjeux exigent de prendre de la hauteur.
Comment prenez-vous de la hauteur, vous?
Regardez ce que nous faisons avec le RNC (ndlr: le Rwanda National Congress, parti créé par d'anciens hauts cadres civils du FPR et gradés de l'armée rwandaise aujourd'hui en exil et ouvertement opposés au pouvoir de Kigali). Notre alliance dépasse les questions ethniques qui ont empoisonné la vie rwandaise pendant des années. Beaucoup de Rwandais sont tout à fait d'accord avec notre démarche avec le RNC et voient que le vivre-ensemble des hutus et des tutsis est la voie de l'avenir. Toutefois, suivant les histoires personnelles qu'ils ont vécues, certains se sentent plutôt à l'aise ou mieux écoutés avec les FDU, d'autres plutôt avec le RNC. Travailler en convergence et en intelligence dans le cadre de notre coalition, sans fusionner les structures de nos formations, constitue sans doute une force et une plus-value. Les FDU ont déjà réussi à transcender le régionalisme et l'origine régionale des gens ne constitue plus un problème. Le Rwanda est pour tous les Rwandais. Comment peut-on garantir que personne ne soit lésée à cause de ses origines? Notre alliance avec le RNC se bâtit principalement dans cette optique. Le 13 avril prochain, nous organiserons une journée de commémoration pour les victimes rwandaises. Et nous voulons collaborer avec d'autres partis politiques. Nous voulons rassembler les Rwandais, ouvrir le dialogue avec tous.
Vous avez dit que les Rwandais étaient en train de souffrir à cause de l'économie. Les problèmes de sécurité à l'Est du Congo préoccupent également la population puisque c'est de là qu'est venue la réduction de l'aide internationale, entre autres. Comment vous situez-vous par rapport à ce qui se passe chez nos voisins?
Nous avons intérêt à nous entendre avec les Congolais. La République démocratique du Congo est un pays riche. Mais les Congolais ont autant besoin de nous que nous avons besoin d'eux. Les routes pour écouler leurs minerais sur les marchés internationaux passent par le Rwanda. Grâce à une politique de formation ambitieuse, le Rwanda peut offrir une expertise professionnelle de haut vol. Notre seule richesse, c'est la matière grise. Nous devons nous entendre, mener des politiques régionales qui bénéficient à toutes nos populations.
Le Rwanda s'apprête à élire une nouvelle Assemblée nationale. Est-ce que votre parti présentera des candidats à ces élections qui se tiendront au cours de l'année 2013?
Ecoutez, comment voulez-vous qu'on présente des candidats? Notre présidente est emprisonnée. Elle était rentrée d'exil pour faire enregistrer les FDU et pour participer à l'élection présidentielle d'août 2010. Et pourtant le régime a refusé de reconnaître notre parti. A moins qu'elle ne soit libérée, je ne vois pas comment on pourrait se faire enregistrer et se présenter à ces élections.
Comment envisagez-vous la présidentielle de 2017? Sachant que beaucoup commencent à militer pour le changement de la Constitution qui permettrait au chef de l'Etat de se représenter pour un 3e mandat pour lequel il dit ne pas être intéressé.
2017, c'est bien loin. Beaucoup de choses se seront passées d'ici là. Il ne sert à rien de parler de cette élection maintenant. Paul Kagame vient à peine d'être réélu. Il n'a même pas fait la moitié de son mandat. Maintenir le flou sur ses intentions comme il le fait, c'est bon pour amuser la galerie. D'ici là, beaucoup de choses auront changé au Rwanda et dans la région, je vous le promets.
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GISOZI: VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA’S SPEECH


January 16, 2010

I would like to say that today I came back to my country 16 years after that tragedy took place in this country. I know very well that there was genocide and crimes against humanity. Therefore, with my return after 16 years in a country where such actions took place in my absence, I could not have fallen asleep without first passing by the place where those actions took place. I had to see the place. I had to visit the place.

The flowers I brought with me are a sign of remembrance from the members of FDU-INKINGI and its Executive Committee. They told me to pass by here and tell you, the Rwandan people, that what we wish for is to work together, to make sure that such a tragedy will never take place again. That is one of the reasons why the party FDU-INKINGI decided to return to the country peacefully, without resorting to violence as many people think that the solution to Rwanda’s problems is to resort to armed struggle. We do not believe that shedding blood resolves problems. When one sheds blood, the blood comes back to haunt him/her.

Therefore, within FDU-INKINGI, we wish that all of us, the Rwandan people, can work together, join our different ideas, so that the tragedy that befell our nation will never happen again. It is clear that the path to reconciliation has a long way to go. It has a long way to go because if you look at the number of people who were killed in this country, it is not something that one can get over quickly. But still, if one looks around, he/she realizes that there is no strong political policy designed to help the Rwandan people achieve genuine reconciliation. For example, if we look at this memorial, it only refers to the people who died during the genocide against the Tutsis. There is another untold story with regard to the crimes against humanity committed against the Hutus. The Hutus who lost their loved ones are also suffering; they think about the loved ones who perished and are wondering ‘When will our dead ones also be remembered?’

For us to reach reconciliation, we need to empathize with everyone’s suffering. It is necessary that for the Tutsis who were killed, those Hutus who killed them understand that they have to be punished for it. It is also necessary that for the Hutus who were killed, those people who killed them understand that they have to be punished for it too. Furthermore, it is important that all of us, the Rwandan people, from our different ethnic groups, understand that we need to unite, respect each other, and build together our country in peace.

Therefore, the reason we came back to the country is to start together that path of reconciliation and find a way to stop injustice so that all of us, the Rwandan people, may live together with freedoms in our country.

Thank you.

Note:

This transcript is also available in KINYARWANDA and FRENCH.

GISOZI : DISCOURS DE VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA


Le 16 janvier 2010

Je tiens à dire aujourd'hui que je suis revenue dans mon pays 16 ans après cette tragédie qui a eu lieu dans ce pays. Je sais très bien qu'il y a eu un génocide et des crimes contre l'humanité. Par conséquent, à mon retour, après 16 ans dans un pays où de telles atrocités ont eu lieu en mon absence, ma conscience m'obligeait de passer d'abord par l'endroit qui conserve la mémoire de ces actes odieux. J'avais besoin de voir cet endroit et de me rendre compte de l'ampleur de ces tragiques évènements.

Les fleurs que j'ai apportées sont un signe de reconnaissance des membres du parti FDU-INKINGI et de son Comité Exécutif. Ils m'ont dit de passer par ici et de vous réaffirmer que ce que nous souhaitons, c'est de travailler ensemble, afin de nous assurer qu'une telle tragédie ne se reproduira plus. C'est l'une des raisons pour lesquelles les FDU-INKINGI ont décidé de rentrer au pays pacifiquement, sans recourir à la violence alors que beaucoup de gens pensent que la solution aux problèmes du Rwanda est le recours à la lutte armée. Nous ne croyons en aucun cas que verser le sang résout les problèmes. Quiconque verse le sang, il en sera victime.

Par conséquent, au sein des FDU-INKINGI, nous souhaitons que nous tous, Rwandais, puissions travailler ensemble, unir nos différentes idées, de sorte que la tragédie qui a frappé notre nation ne puisse jamais se reproduire. Il est clair que le chemin de la réconciliation a un long chemin à parcourir. Il a un long chemin à parcourir parce que, si on considère le nombre de personnes qui ont été tuées dans ce pays, ce n'est pas quelque chose que l'on peut passer outre rapidement. Par ailleurs, en analysant de près la situation, on se rend compte qu'il n'y a pas de stratégies politiques fortes qui doivent aider le peuple rwandais à atteindre une véritable réconciliation. A titre d'exemple, si l'on passe en revue ce mémorial, on se rend compte qu'il ne se limite qu'aux victimes du génocide contre les Tutsis. Il est tout à fait évident que les crimes contre l'humanité commis contre les Hutus sont totalement ignorés. Les Hutus qui ont perdu les leurs souffrent aussi et se demandent: «Quand est-ce que nos morts seront aussi commémorés»?

Pour que nous puissions parvenir à une véritable réconciliation, nous devons faire preuve d'empathie avec la souffrance de tout un chacun. Il est important que les Hutus qui se sont rendus coupables de massacres contre les Tutsis soient punis. Il est également important que ceux qui ont tués les Hutus comprennent qu'ils doivent répondre de leurs actes ignobles. En outre, il est important que le peuple rwandais, toutes ethnies confondues, comprenne que nous devons nous unir, nous respecter les uns les autres, et construire ensemble notre pays dans la paix.

Ainsi, l'objet de notre retour au pays est d'examiner les voies et moyens de commencer ensemble ce long processus de réconciliation et de trouver un moyen de bannir à jamais l'injustice afin que nous puissions tous, peuple rwandais, vivre ensemble en pleine liberté dans notre pays.

Merci.

Note:

Ce text est aussi disponible en KINYARWANDA et en ANGLAIS.

GISOZI : IJAMBO RYA VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA


Tariki ya 16 Mutarama 2010

Icyo mvuze ni uko kuba nanyuze hano, nagarutse uyu munsi mu gihugu nyuma y’imyaka 16 ariya mahano yarabaye mu gihugu. Nzi neza ko habaye itsemba bwoko, hakaba n’itsembatsemba. Ntabwo rero nari kugaruka nyuma y’imyaka 16, mu gihugu cyabayemo ibikorwa nk’ibyo mu gihe ntari mpari ngo ndyame nsinzire ntabanje kunyura aho ibyo bintu byabereye ngo mbanze mparebe, mpasure.

Indabyo nazanye, ni urwibutso abarwanashyaka ba FDU-INKINGI ndetse n’ubuyobozi bwayo bwa politiki bwampaye bumbwira buti uhanyure, ubwire abanyarwanda ko icyo twifuza ari uko dufatanya, gukorera hamwe tugakora ku buryo amahano nk’ayo y’amaraso atazongera kuba. Ni imwe (kutifuza ko amahano nk’ayo yazongera kuba mu gihugu), ni imwe no mu mpamvu yatumye FDU-INKINGI dufata icyemezo cyo kugaruka mu gihugu mu mahoro tutagombye gukoresha intwaro nk’uko benshi batekereza ko umuti w’ibibazo ari ugufata intwaro. Kuko ntabwo twera ko kumena amaraso ari kwo kurangiza ibibazo. Iyo umuntu amanye amaraso aranamuhama.

Icyo rero twifuza muri FDU-INKINGI ni uko abanyarwanda dufatanya hamwe mu bitekerezo binyuranye dufite ariko tugakora ku buryo amahano yagwiriye igihugu cyacu atazongera kubaho. Biragaragara ko inzira y’ubwiyunge ikiri ndende. Iracyari ndende kandi koko urebye abantu bishwe muri iki gihugu ntabwo ari ikintu cyahita kirangira ako kanya. Ariko nanone n’iyo urebye usanga nta ngamba ya politiki ihari ifatika yo gufasha abanyarwanda kugera ku bwiyunge. Kuko nk’ubu hano turareba kuri uru rwibutso ruragarukira mu by’ukiri ku bantu bahitanywe n’itsembabwoko ry’abatutsi. Haracyari uruhare rundi rw’itsembatsemba ryakorewe abahutu kuko nabo barababaye bashyigikiye abantu babo bishwe nabo baravuga bati: “mbese ibyacu bizagerwaho ryari?”

Kugirango rero tuzagere ku inzira y’ubwiyunge ni uko ako kababaro ka buri wese tukumva. Ni ngombwa ko abatutsi biciwe abahutu babishe babyumva kandi bemera ko bagomba kubihanirwa. Ni ngombwa ko abantu baba barishe abahutu nabo bagomba nabo kubihanirwa. Kandi ni ngombwa ko abanyarwanda mu moko yacu tuvamo anyuranye twumva ko tugomba gufatanyiriza hamwe mu bumwe mu bwubahane tukubaka igihugu cyacu mu mahoro.

Ikituzanye rero ni ukugirango dushake uburyo dufatanyiriza hamwe gutangira iyo nzira y’ubwiyunge; dufatanyiriza hamwe gushaka uburyo akarengane gacika mu gihugu cyacu; dufatanyiriza hamwe gushaka uburyo abanyarwanda twese tubaho mu bwisanzure mu gihugu cyacu.  

Murakoze.


ICYITONDERWA:

Iyi nyandiko iboneka no mu GIFARANSA no mu CYONGEREZA.